lundi 14 août 2017
mercredi 9 août 2017
Exposition: Ousmane Seye présente les figures du mouridisme au Sénégal
Né le 17 septembre 1964 à Dakar, l’artiste plasticien Ousmane Gallo Seye a passé le clair de son temps à travailler sur les figures historiques du mouridisme au Sénégal. Déjà 20 ans qu’il fait ça, avec une passion égalée qui le conduit chaque année à Djamalaye où il partage son art avec le public. Depuis le 13 juillet 2017, son œuvre est en vitrine à la Galerie nationale de Dakar.
Cheikh Ahmadou Bamba (collage-peinture-drapage-ph) |
L’exposition collective dénommée « L’esthétique mouride. Un modèle : savoir-être, savoir-faire, savoir devenir» était prévue s’arrêter le 20 juillet dernier. Mais, le public avide en a redemandé. Le ministère de la Culture et de la Communication qui l’a organisé en collaboration avec le Kuréel, a dû repousser la date de fermeture en mi-août… Pour le plus grand bonheur des amateurs d’art.
Ousmane Seye devant un tableau représentant Mame Cheikh Ibra Fall |
Est-ce que vous pouvez vous dévoiler aux lecteurs ?
Je m’appelle Ousmane Gallo Seye. Je suis né le 17 septembre 1964 à Dakar (Sénégal). Je suis artiste plasticien autodidacte. J’ai débuté ma carrière en 1997. J’ai travaillé pendant quatre ans et lorsque j’ai senti que j’avais gagné en maturité, j’ai commencé à présenter mon travail, notamment dans les manifestations mourides. En 2001, j’ai fait ma toute première exposition, à l’occasion de la commémoration de la prière à Djamalaye, en hommage à Serigne Touba. Depuis lors, je n’ai plus manqué ces rendez-vous. Actuellement, nous sommes basés à Keur Massar au sein du Sant S. Saaliou Art.
Pourquoi l’esthétique mouride ?
L’esthétique mouride est un modèle qui essaye de relever et de révéler un trait culturel qui contribue à définir l’identité du Sénégal, au-delà de l’aspect strictement religieux. Le mouridisme en lui-même est une culture fondée sur les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba : le travail, la recherche du savoir et la spiritualité. Ces enseignements imprègnent toute la culture mouride qui se manifeste dans tous les aspects de la vie : le comportement d’ensemble, l’habillement, les accessoires de la vie courante, les activités économiques, la création artistiques.
Nous avons donc travaillé sur ce thème pour amener les gens à s’investir dans l’habillement responsable. Je m’explique : dans presque toutes les religions, on prône l’habillement correct, que ce soit l’islam, le christianisme ou tout autre. Or, aujourd’hui, il y a un grand décalage entre ces prescriptions, nos coutumes africaines et la réalité. Tout le monde a tendance à copier la mode, surtout la mode occidentale. Tout le monde veut porter un vêtement près du corps, que ce soit un boubou, un costume, un pagne, une jupe, une robe, bref, c’est le « près du corps » qui passe. Pourquoi laisser de côté notre authenticité africaine alors que les autres ont conquis le monde avec leurs cultures? Je trouve cela bien dommage. Raison pour laquelle lorsque le ministère de la Culture et de la Communication a eu l’ingénieuse idée d’organiser cette exposition, nous avons pensé qu’il était temps de présenter l’esthétique mouride comme modèle, une référence pour de nombreux hommes et femmes afin que le monde sache ce qui se fait en bien chez nous. Cette exposition revêt également un caractère historique. Nous présentons dans ce travail les figures historiques qui ont marqué la vie du mouridisme, en l’occurrence Cheikh Amadou Bamba et les tous autres qui ont poursuivi le travail qu'il a commencé.
Qu’est-ce qui explique le choix de votre démarche artistique ?
J’ai fréquenté pas mal d’artistes. Je visitais les ateliers et je m’imprégnais lors des expositions et autres manifestations culturelles. Cependant, j’ai remarqué que les artistes avaient tendance à faire presque les mêmes choses, c’est-à-dire que c’était toujours de la peinture sur toile. Il me fallait une approche différente. J’ai donc commencé à travailler sur le concept peinture-collage-drapage. Pour cette exposition, je présente 33 toiles en grandeur nature. Il s’agit de tableaux retraçant l’histoire de la famille de Serigne Touba. On y trouve ses fils et filles, ses petits-fils et petites-filles... Il m’a fallu plusieurs années pour réaliser ce travail, même si je dois reconnaitre qu’il y a là des créations récentes qui datent de deux à trois mois. Pour ce faire, j’ai acheté des accessoires (ceintures, serviettes, chapelets), j’en ai confectionné d’autres. J’ai fabriqué les châssis/vichy percal, du Bazin et des pagnes, et lorsqu’il y a eu besoin de les teindre, je l’ai fait.
On remarque que votre travail ne s’arrête pas seulement à de la peinture…
Effectivement… Je crée des personnages à partir des images existantes. J’ai collectionné des photos auprès de familles mourides, des amis et j’en ai aussi pris sur internet. En fonction de la proportion souhaitée, je fais agrandir les parties qui m’intéressent et je travaille sur le personnage. Il y a là des toiles qui vont au delà de deux mètres. Je l'ai voulu ainsi, car, nous aimons les espaces, vous pourrez le constater en visitant les lieux de culte et de résidences mourides. Pour mieux apprécier cette esthétique qui fait l’objet de cette exposition, il faut bien privilégier la présence et non faire des tableaux miniatures. D’où ces tableaux en grandeur nature.
On se rend également que les femmes occupent une place de choix au sein de cette exposition. Qu’est-ce qui a motivé la présence des femmes dans ce travail ?
Dans la religion musulmane, la femme occupe une place importante, voilà pourquoi nous avons pensé à elles. Nous présentons ici cinq figures : quatre filles de Serigne Touba et une de ses petites-filles. Aujourd’hui, elles ont toutes disparues, chez nous, on ne dit pas qu’elles sont mortes, elles ont tout simplement disparu. Et, elles restent gravées dans nos mémoires. D'ailleurs, je profite de cette opportunité pour dire qu'on ne cessera jamais de louer l’œuvre de Sokhna Maimouna Mbacké, c’est elle qui organisait la nuit du ramadan dénommée Laylatoul Khadry. Cet événement était organisé à Touba, mais il était repris partout où se trouvent les mourides. Elle l’a fait jusqu’à sa disparition. Nous sommes fiers de ce qu'elle fit en son temps.
Après la galerie nationale, quelle est la prochaine destination ?
Nous restons ouverts à d’autres horizons. Dans l’immédiat, nous irons à Djamalaye du 20 au 22 septembre 2017 pour une autre exposition, inch Allah !
Propos recueillis par Irène Gaouda
Tableau signé Ousmane Seye |
Tableau signé Ousmane Eye |
Tableau signé Ousmane Seye |
"Cette exposition parle à tout le monde"
Mme Awa C. Diouf Camara |
"En septembre 2016 lors d’une descente sur le terrain à Djambalaye, nous avons eu l’occasion de voir les travaux de l’artiste Ousmane Seye. A cet effet, le ministre de la Culture et de la Communication a demandé de voir dans quel cadre on pouvait mettre en valeur cette culture inspirée du mouridisme. C’est ainsi que nous sommes allés voir les responsables du collectif Kureel. Après cela, nous avons tenu plusieurs réunions. Un comité d’organisation a été mis sur pied par arrêté ministériel. C’est au terme de ce travail qu’un thème a été retenu pour l'exposition qui, il faut le rappeler, s'est déroulé simultanément sur trois sites:
- Galerie nationale
- Village des Arts
- Grand Théâtre.
Nous avons trouvé des sous thèmes car dans le mouridisme, l'esthétique s'étend aussi aux accessoires qui sont des objets symboliques. Les différents sous-thèmes de l'exposition portent sur l'architecture et l'habitat; les accessoires symboliques et historiques de Cheikh Amadou Bamba "Barkélou"; l'exposition sur la poésie "wolofal mouride" et la vêture.
Il y a des objets qui représentent le travail chez les Baye Fall. Des sites historiques, des mosquées de Touba et de Djourbel, des plans de masse de la ville ont été photographiés. Des films-documentaires et des reportages sur différents aspects de la ville ont été réalisés. Un maximum d'informations ont été recueillis sur des objets divers et les sites.
C’est une exposition collective. Il y a par exemple celle de Maam Samba qui présente différentes créations artistiques, de très beaux vêtements confectionnés à base de tissus dont le coton a été cultivé, récolté et tissé sur place à Ndeem.. Dans ce village, qui est un village Baye Fall, les uns et les autres essayent de valoriser la terre. C’était une zone aride que les habitants ont su mettre en valeur en cultivant du coton. Cette exposition parle à tout le monde."
Propos recueillis par I.G
Etoffes tissées à base de coton récolté dans le village Ndeem |
"Live photography" de ce qui fût l'habitat de Serigne Touba |
Vues intérieures mosquées Touba et Djourbel |
Une reconstitution de l'habitat de Serigne Touba |
Installation-vidéo sur le travail en terre Baye Fall |
Baobab, arbre légendaire... |
Expo Maam Samba |
Ousmane Gallo Seye parle de son art |
La Directrice de la Galerie nationale échange avec les visiteurs |
Affiche exposition
Reportage photos: I.G
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