Samedi 7 mai 2016, des dizaines de touristes culturels, des curieux ainsi que parents et enfants ont pris d’assaut le site qui abrite l’exposition internationale. Placé cette année sous le thème, « Ré-enchantements », le festival qui accueille 65 artistes venus de par le monde et plus de 300 exposants en Off, a débuté le 3 mai dernier et referme ses portes le 3 juin 2016.
Reportage.
Dak'Art 2016: l'exposition internationale |
Trois gosses à ses pieds et la jeune Fatou peine à tranquilliser le bébé qu’elle porte sur le dos. Elle a beau nouer et renouer le "mbotou" autour de sa poitrine pour maintenir son 4ème rejeton en équilibre, rien n’y fait. L’enfant veut bondir à terre pour toucher des doigts les réalités du Dak’Art. Devant les œuvres de la tunisienne Mouna Karray, la petite famille discute. Les enfants questionnent… La maman explique et réexplique le peu qu’elle a pu saisir de l’exposition intitulée : « Personne ne parlera de nous ». « C’est une série de photos prises par l’artiste dans la région tunisienne de Redeyef, terre minière, riche en phosphate, qui fut exploitée pendant la colonisation et laissée à l’abandon depuis lors», précise le guide de circonstance. Le bébé lui, n’a rien pigé de la conversation entre adultes. Il voulait juste voir. Bientôt, le voilà parti en protestation contre cet apartheid. S’ensuivent des cris et des pleurs. Finalement, la maman cède. Elle délaisse la laisse pour permettre au chérubin de témoigner...
Dak'Art: une famille réunie autour de l'oeuvre de Mouna Karray |
Dans l’enceinte de l’ex-palais de justice de Dakar ce samedi 7 mai, on discute d’art et de culture. Et tant pis pour Simon Njami, le Directeur artistique de cette 12ème édition de la Biennale qui parlait « d’initiés ». Il se rendra sûrement compte que les tout-petits ont également leur mot à dire dans ce rendez-vous du donner et du recevoir. Raison pour laquelle ils ont fait le déplacement en masse pour voir l'exposition internationale. Et leur attitude va au-delà de la simple curiosité. Ils sont tout simplement enchantés par le travail des artistes. « Elle n’a pas arrêté de bouger. Elle veut monter à cheval, mais je suis bien obligée de la tenir à bonne distance», confie Marie. Sa fillette de deux ans a été happée par le pelage d’un magnifique cheval qui trône sur un pan du hall du palais de justice. En clair, il s’agit d’une photographie présentée par la kenyane Mimi Cherono Ng’Ok. C’est le plus grand tirage photographique de cette biennale, qui couvre un espace de 9 mètres carré !
Dak'Art 2016: Des visiteurs tous azimuts |
Hervé M. autre visiteur, n’a pas pu tenir longtemps face aux caprices de son garçon. Le petit amour a fondu sous les charmes d’une demoiselle à la poitrine généreuse dont une partie du visage est dérobée par un chapeau. Le pas hésitant, l’enfant s’approche de l’œuvre pour comprendre le pourquoi du comment. Avec son pinceau imaginaire, il refait les contours du corps de la femme. Il aurait tant aimé être en lieu et place du franco-brésilien Alexis Eskine, le génie créateur de ce travail axé sur les migrations. Un peu plus loin, toujours dans ce carré dédié à cette thématique, des jeunes suivent avec assiduité un mini-documentaire sur un écran incrusté dans une pirogue de fortune. Les images et les photos qui constituent cette exposition rappellent les dangers auxquels font face les candidats à l’émigration.
Dak'Art 2016: Attrait des tout-petits |
Des drames justement, il faut en discuter avec les enfants. C’est ce que fait cette femme qui a regroupé ses garçons autour d’une bien curieuse installation. Au sol, sur du sable, l’artiste a placé 15 "marmites" peint en bleu, portant l’inscription U.N. Nul besoin de pinailler ici sur le rôle que jouent les Casques bleus de l’ONU dans le maintien de la paix à travers le monde. Toutefois, « que voulait traduire l’artiste en installant là cet arsenal de guerre », demande l’un des visiteurs. Mais pour ça, il faudra attendre. Au passage, les forces de l’ordre déployées de part et d’autre des couloirs du palais, veillent au grain. Là-bas à l’angle, c’est la protection de l’environnement et la présence chinoise en Afrique qui font débat. Là haut, à la partie supérieure du palais, un autre guide rafraîchit la mémoire des écoliers sur l’ancien Soudan, celui que l’on pouvait parcourir du nord au sud, de l’est à l’ouest sans risque de se faire prendre une balle dans la tête. C’est une collection de 15 photographies en N/B réalisée par Ala Kheir sous l’appellation « Revisiting Khartoum ». Dans l’arrière-cour, une toute petite fille qui semble n’avoir rien compris à ce « remue-ménage », presse sa génitrice avec un : « M’man, rentrons ! J’en peux plus ! » Et la pauvre qui voulait jeter un dernier coup d’œil sur le « Prayer Room » du nigérian Victor Ehikhamenor, avant que la nuit ne tombe sur Dakar…
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