mercredi 27 avril 2016

Les tribulations d'un coopérant en Afrique noire

De Dakar à Maputo, en passant par Bangui, N’Djamena, Yaoundé, Luanda, Gérard Sivilia, ingénieur agronome, a travaillé sur de nombreux chantiers africains en tant qu’ingénieur du génie rural des Eaux et des Forêts. Dans son ouvrage de 221 pages intitulé « Les tribulations d’un coopérant en Afrique noire », paru aux éditions l’Harmattan, Paris, il relate sa longue expérience dans l’hydraulique, avec force détails et humour. Dans une Afrique postcoloniale qui cherche à imprimer ses marques, comment les « descendants du colon » venus tout droit de la métropole parisienne étaient-ils perçus par les jeunes cadres africains ? Quelles étaient leurs « aquaintances » avec les dirigeants en place et quels rôles ont-ils joué dans la chute de certains régimes jugés « dictatoriaux » ? Afrikré @rt a feuilleté l’ouvrage et vous présente quelques feuilles…

Coopérant 
« Les missions de coopération agissaient dans un environnement échappant aux critères classiques de l’administration. Les premiers chefs de mission et leurs conseillers, souvent issus des corps de l’administration coloniale, en étaient restés à un mode de commandement hiérarchique s’accommodant mal des nouvelles relations qu’ils devaient tisser avec leurs partenaires africains…"

Centrafrique
"Petite capitale somnolente, Bangui s’étirait entre les collines boisées qui la dominaient et le majestueux fleuve Oubangui dont on distinguait la rive congolaise dans le lointain. Enchâssée au cœur de la forêt équatoriale, Bangui justifiait son appellation de Bangui la coquette… Coupés du reste du monde, les villageois (Centrafricains) vivaient de la culture du manioc et de viande de chasse, dans un isolement totale. Tous les villages disposaient d’un tambour à fente, creusé dans un tronc d’arbre."

Le Cameroun d'antan
"En 1968, le Cameroun n’était pas encore uni. Il était un Etat fédéral composé du Cameroun anglophone, ex Cameroun allemand jusqu’en 1918, et du Cameroun oriental divisé en un Sud Cameroun christianisé et économiquement développé, notamment dans le pays Bamiléké, et un Nord Cameroun islamisé, fief traditionnel des Foulbé." "Après un voyage de nuit en Boeing 707, nous atterrissons à Douala. Le temps de faire les formalités d’entrée au Cameroun, dans la moiteur africaine sur laquelle les quelques ventilateurs poussifs de la salle d’attente ne produisent aucun effet, nous embarquons dans un vol intérieur vers la capitale, Yaoundé. Mon camarade de promotion de l’Ecole du génie rural, Gaston Mvondo, Camerounais déjà revenu au pays, a la gentillesse de nous accueillir et de nous faire passer la douane de manière expéditive. Quand plus tard, j’ai eu à connaitre la minutie des douaniers en Afrique, j’ai compris le grand service qu’il nous a rendu…"

Lamidat de Rey Bouba
"Le progrès n’avait guère marqué les chefferies traditionnelles. Situé à cent cinquante kilomètres au sud de Garoua, le lamidat de Rey Bouba s’étendait sur une vaste zone qui englobait une partie de la réserve cynégétique de la Bénoué. Le vieux lamido de Rey Bouba, le Baba, était l’archétype du seigneur traditionnel. Il incarnait le pouvoir sans limite, tel qu’il était dans les siècles passés. La visite au lamido respecte un protocole rigoureux. Les doghari de garde à la porte du palais vont le voir pour s’enquérir de son désir de recevoir le visiteur. Des serviteurs habillés d’un simple pagne bleu, conduisent alors celui-ci dans le palais, à travers une succession d’enceintes intérieurs, pour arriver à la cour d’audience. Puis ils se retirent à reculons, pliés en deux, le regard vers le sol..." 

Yagoua
"Le projet Semry, comme bien d’autres opérations d’hydro-agricoles en Afrique, sera ruiné, des années plus tard, quand la Banque mondiale fera de l’ouverture des frontières et libre-échange un dogme qu’elle imposera à tous les bailleurs de fonds. Ce sujet à lui seul mérite un livre. La manière dont a été traité le petit paysannat africain par les institutions de Washington est indigne et témoigne d’un profond mépris pour les contingences locales." 
"Le barrage de Lagdo a été réalisé, des années plus tard, par l’aide chinoise. Avec ce projet, la Chine faisait ses premiers pas sur le continent africain."


Pauvres Français ! 
Quelques Français vivotaient, parfois à la limite de la misère. Ils étaient arrivés du temps de la colonie et n’en étaient jamais repartis."

Ahidjo et  Tombalbaye

"Le Tchad avait pour président François Tombalbaye, chef historique du PPT-RDA, parti qui avait conduit pacifiquement le pays à l’indépendance, en 1960, dans le cadre du référendum initié par le Général de Gaulle. Instituteur de profession, Tombalbaye faisait partie des rares cadres de bon niveau du Tchad. Très rapidement, comme dans la plupart des pays africains ayant opté pour l’indépendance, le régime devint un régime à parti unique à la dévotion du président, puis un régime franchement dictatorial. Je n’imaginais pas un régime qui pouvait faire passer la dictature du président camerounais Ahidjo pour un gouvernement aimable. Je l’ai trouvé au Tchad."


Le rôle trouble de la France

"La France soutenait militairement le régime de Tombalbaye contre la rébellion. Les troupes françaises, notamment l’aviation, y jouaient un rôle majeur et continueront à le faire pendant longtemps." 

Hissène Habré
 "Un individu inattendu dénommé Hissène Habré, un des chefs de la rébellion Toubou, fit un raid sur Bardai et captura trois otages : le coopérant allemand, un coopérant français et Françoise Claustre. Il en retira la notoriété qu’il attendait." 

"Le Sénégal n’avait guère de ressources hormis l’arachide, mais il bénéficiait de la sollicitude de tous les bailleurs de fonds internationaux et de l’aide bilatérale de nombreux pays étrangers."

Afrique sans technique
"L’attitude des africains face à la technique est ce qui m’a le plus déconcerté pendant mes séjours en Afrique sahélienne, puis au Mozambique, et en Angola où s’est poursuivie ma carrière. Le niveau d’équipement technique est faible. L’enseignement professionnel et la formation technique, à tous niveau, sont quasi inexistants et dévalorisés, à l’image de ce que l’on observe en France. Triste transferts des défauts de notre système éducatif… »


jeudi 21 avril 2016

Forum de la mode et du design : Rendez-vous le 23 mai 2016 à Yaoundé

Placée sous la direction artistique du styliste Imane Ayissi, la  7ème édition du Forum des métiers de la mode et du design qui se déroulera du 23 au 28 mai 2016, au palais des Congrès de Yaoundé, aura pour thème : « Mode et environnement »
Une thématique qui n’est pas anodine car elle met l’accent sur les enjeux des choix environnementaux, garants d’une véritable différenciation pour le créateur et l’entreprise de mode au Cameroun, expliquent les organisateurs.

Source photo: www.fabafriq;com
 
Pour ses 7 ans d’existence, cet événement qui est rentré dans les agendas des amateurs de mode, a reçu le soutien de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun. A en croire le comité d’organisation, le forum de la mode et du design se déclinera en quatre grandes articulations :
D’abord, l’escale Mode. Dès le 23 mai prochain, jour de l’ouverture de l’événement, un showroom sera ouvert au public, occasion pour les créateurs venus des quatre coins du Cameroun et d’Afrique centrale d’exhiber leur savoir-faire. Egalement prévu dans cette escale, des rencontres et débats avec les professionnels de la mode ainsi que les partenaires.

 


Ensuite, il y a le forum proprement dit. Moment au cours duquel des experts en environnement, des stylistes, des responsables d’écoles de mode ainsi que des étudiants seront conviés à la discussion sur la thématique « Mode et environnement ». Egalement au menu des activités, le « Talent des créateurs ». L’espace pop-up store lui, sera réservé à la vente. La dernière articulation prévue le 28 mai, sera dédiée au défilé de mode.
Initié par le Centre des créateurs de mode du Cameroun (Ccmc), le présent forum se veut une référence en la matière en Afrique centrale et au-delà. Il a fait ses prémices à un moment où le secteur manquait d’un encadrement structurel au regard de la nature jugée « informelle » des métiers de la mode. A ce jour, c’est un peu plus de 70 créateurs camerounais et internationaux en formation connue, plus de 40 entreprises de mode accompagnées et suivies et la tâche s’avère immense au regard des défis à relever. 

 



Les experts

Imane Ayissi, (Paris), styliste et directeur artistique
Michaela Engst (Berlin), créatrice de mode
Juliette Ombam (Cameroun), styliste
Jean-Marc Chauve (Paris), expert formateur, ateliers jeunes créateurs
 Marta Gouandjika (Centrafrique/Roumanie), styliste
Ambrym/Gabrielle Gérard, (Paris), créatrice de mode
Yapoumfout Pasma (Cameroun), lauréate du concours Talents des créateurs 2015.

Héridadegato/Maria et Jacobo (Espagne), designer

lundi 11 avril 2016

Comment Ndongo Samba déconstruit le mythe démocratique

Vient de paraître. "La démocratie contre la République. L'autre histoire du gouvernement du peuple". L'ouvrage paru aux éditions l'Harmattan a été présenté au public de Dakar le mercredi 30 mars 2016. Lire la note critique de l'écrivain, chercheur en Philosophie politique et juriste, Placide Mandona.
Le livre que j’ai l’honneur de vous présenter compte 340 pages, 693 citations de bas de page et plus de 84 paragraphes. Il traite d’un problème très ancien, mais toujours actuel, incompris et souvent bien falsifié. Un problème qui se situe au cœur de la pensée politique du moment : la dame « Démocratie » qui s’impose à brule-pourpoint dans un caractère d’immaculée conception comme un Bien en politique. Riche comme travail, cette œuvre digne d’un docte explore avec une profondeur exquise l’origine de la démocratie, sa haine par les anciens, son évolution à travers le temps, sa réhabilitation, ses limites et son imposition dans le monde de notre temps. Dans son introduction, le docteur en économie part d’un constat réel : l’ubiquité de la démocratie dans tous les débats qui alimentent nos modes de vie. La dame démocratie s’impose à notre époque. Elle est celle sans laquelle on est tout de suite taxé de mauvais, de truand, de dictateur etc. D’où cette étonnante question : « Comment un mot qui a été décrié pendant 19 siècles puisse respirer une odeur de sainteté incontestable de nos jours ? A la manière de l’invective, l’auteur se lance dans un va-tout : qui a produit ce génie de démocratie ? Dans quelle circonstance ? " Volumineux et d’essence sérieuse, le livre comprend sept chapitres de grandeur inégale. Le premier s’intitule : « Que cache la démocratie ? » A travers celui-ci, l’auteur étudie le concept démocratie et renseigne que « Démokratia » serait née sur le berceau de la polémique et de l’invective. A l’origine, ce mot faisait référence moins au gouvernement du peuple qu’à une configuration où règne la violence voire la puissance du demos » (p.27). Dans ce même chapitre, il développe l’expression « gouvernement du peuple » et nous explique les divers usages du concept « peuple ».
En effet, la compréhension du mot peuple est différent dans l’entendement de ses manipulateurs. Se basant sur Gérard Bras, Ndongo indique qu’il peut y voir trois usages du mot peuple : le peuple juridique, le peuple dans la catégorie ethnologique et le peuple social (les non-possédants). Ce concept est donc équivoque. Ainsi, le peuple veut simplement dire plusieurs choses différentes. Développant son concept de base, l’auteur procède à la thérapie de divers usages du concept « démocratie ». Six autres usages recouvriraient ce concept, à savoir : un spécimen politique, un état social, un bien politique, un type de performance institutionnelle, une étiquette politique, et une rhétorique. Dans le deuxième chapitre intitulé : « La démocratie antique : usages et mésusages », le constat de notre écrivain est clair : « c’est une distorsion majeure de l’histoire que de considérer la Grèce comme étant le berceau de la démocratie bien que le mot serait d’origine grecque ». Dans la foulée, Ndongo nous amène vers le cheminement de la démocratie et explique avec une profonde clarté l’installation du gouvernement démocratique à Athènes, son apogée grâce à Périclès au Vème siècle av. J.C., et son déclin dès la mort du brillant Périclès. Pour achever son chapitre, l’auteur nous donne des informations sur les présupposés de la démocratie, ses valeurs, sa signification et son invention. S’agissant de l’invention du concept en étude, l’auteur avoue que celui-ci n’est pas une marque déposée en avançant plusieurs arguments convaincants. Pour Ndongo, dire que la démocratie est née en Grèce renvoie sans doute à un spécimen politique nouveau.
Pour mieux déceler ce que cache le mot ainsi que son mésusage comme son usage, l’écrivain déconstructeur nous enseigne, dans le troisième chapitre le mépris de la démocratie au titre lapidaire : « La haine de la démocratie : un héritage antique ». Il se base ici non pas de l’histoire politique, mais bien de sa théorie. Le mot était haï de tous les classiques, y compris Platon dans Son chef d’œuvre que d’aucuns appellent « La République » (livre 8), Aristophane comme Aristote furent aussi les grands critiques dudit régime. Plusieurs griefs à la démocratie : son ingratitude à l’égard des grands hommes. A cause d’elle, Aristide (le juste), est banni dans la Polis. Thémistocle connaîtra aussi le sort d’Aristide. Miltiade, héros de la guerre, qui dut mourir en prison à cause de la décision de la masse. Dans les moments de folie qu’on lui connait, la démocratie a fait exécuter le brave général Phocion ainsi que beaucoup de ses amis. Elle est intolérable. Parce qu’intolérable, il faut penser autrement. Platon étudiera dans le livre VIII de la République les différents régimes et qu’Aristote proposera, quelques années la possibilité d’avoir des constitutions mixtes. Bref, la démocratie est : « le moins bon des bons gouvernements, et le meilleur des mauvais », propos de Platon rapporté par Aristote. Etant haï par les grands-pères de l’Antiquité philosophico-politique, les modernes rejetteront aussi ce régime, d’où la raison du quatrième chapitre « Le rejet de la démocratie par les modernes ». Les modernes l’accusent de régime « impraticable ». Elle l’est de par sa forme, ses habitudes politiques, et de par ses valeurs. La majorité bourgeoise ne voulait jamais de ce régime que le 21ème siècle chante à cor et à cri. Ce mépris de la dame démocratie se remarque aussi bien chez Jefferson comme chez John Adams. D’autres voient dans la démocratie un gouvernement instable, violent et éphémère, sans remède contre les factions et des critiques virulentes à son endroit lorsqu’on se rapporte aux propos du vieux Kant et autres savants. Impraticable et peu rationnelle comme forme d’organisation politique, la démocratie était incapable de vivre longtemps mais aussi gouvernement opposé à l’accumulation de richesses. Si on décide d’aborder le cinquième chapitre, l’on dira uniment que Ndongo Samba Sylla est un homme atypique au sens où il défend une idée non pas à la manière du commun des mortels mais à une manière scientifiquement prouvée et propre à un deconstructeur fidèle à Jacques Derrida. Dans ce cinquième chapitre de 56 pages qui a pour titre : « Le gouvernement représentatif : gouvernement des capables ». On remarque dans cette partie la condamnation du système démocratique comme gouvernement « impraticable » à cause justement de ses inconvénients. Il faut combattre la démocratie parce qu’il est le régime inapplicable et proche de l’aristocratie.
Dans l’antépénultième chapitre, « De l’ancienne à la nouvelle démocratie : la construction d’une imposture », notre génie se livre plus intimement encore en auscultant l’imposture de la construction démocratique en partant de la démocratie représentative aux quelques voies dissidentes en passant par l’évolution sémantique du mot démocratie dans les dictionnaires et son abus. Ce chapitre est un des moments émouvants de cet ouvrage. L’auteur nous ouvre enfin son cœur de pédagogue à voix basse lorsqu’il met à nu le jeu du langage par ses habituels fabricants. Dans la foulée, le dernier chapitre « La démocratie 2.0. : Gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple» .Ce chapitre est le plus révélateur en raison de son approche heuristique. En effet, Ndongo se rend compte qu’à la question : qu’est-ce que la démocratie ? Le vulgum pecus ainsi que les intellectuels avertis ont une seule réponse : gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». L’auteur doute de considérer la démocratie comme étant « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » et dire que la formule a été utilisée par Lincoln serait à quelques centimètres d’une affirmation gratuite. Ainsi, si la démocratie entendue comme « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » est aujourd’hui d’actualité, il faut signifier qu’il y a eu une certaine coupure épistémologique, dans le sens d’un changement de système d’évaluation, mais aussi du mode opératoire des fabricants de l’opinion. De surcroit, l’exploit du XXème siècle, nous dit Ndongo, a été de réhabiliter le mot démocratie pour nous éloigner encore davantage de l’idée de base qu’il couvait jusque-là (p.288).
Que pouvons-nous retenir de ce beau livre? De ce chapitre sombre politique de la falsification du concept au prétoire, Ndongo Samba Sylla, a tiré de belles pages de son œuvre d’esprit. Beaucoup sont les falsificateurs de l’histoire. C'est une philosophie qui n'a rien à voir avec les exigences éthiques et morales. Ce livre est d’une importance rarissime, richissime et sérénissime, cependant, en tant qu’une œuvre humaine, il n’échappe pas à quelques ratés. Voilà qui justifie, cher monsieur Ndongo Samba Sylla le sens de la gloire sans gloriole pour la véritable et durable gloire. Rassurez-vous, Monsieur, vous n'êtes pas le premier de nos brillants scientifiques à avoir reçu de la critique des volées de bois vert. Plusieurs personnes ayant accepté de traverser le pont du prestigieux Goethe Institut de Dakar, furent descendus en flammes. Quant à nous, Dieu sait que nous aurons notre part d’éreintements. Aussi notre compassion vous est-elle acquise. Le Goethe Institut est doux aux grands blessés de la critique. Le mystère, c'est que personne n’est sortie de cette salle à moitié malade, mêmes les plus grands des écrivains tortionnaires. Pour passer de la gloire à la critique, je me propose d’user du « je » et non du « nous » pour la simple raison que j’aimerais endosser seul la responsabilité de mes affirmations.
Essayons de définir votre style. Votre plume est directe, élégante, acérée, ironique, poétique et d’une clarté indubitable. Elle a du mouvement, elle sait débusquer les anecdotes et l’humour. Vos écrits ont de l’allant, ils sont vivants. Vous êtes un adepte de la vérité scientifique. Vos écrits en témoignent. Vos interventions politiques et économiques comme vos écrits sur le commerce équitable sont de la même eau claire et vive. En revanche, vos comparaisons peuvent paraître, elles, plus béquillardes, confuses, provocatrices voire faibles. En effet, comparer le concept démocratie à la Sainte Bible est semblable à une dialectique qui va de la thèse à l’antithèse pour s’élever dans la confusion et le non-sens. Comparer le christianisme bimillénaire à la démocratie centenaire réhabilitée relève plutôt des quiproquos impudents comme comparer le peuple du prêtre sans la maîtrise du droit canonique et de la doctrine chrétienne est semblable à l’outrecuidance sophiste de la trempe de Protagoras. En sus, les déambulations et les vagabondages littéraires conviennent moins à votre style ; il vous faut aller vers un but, vers une démonstration pour lui donner du muscle et de la consistance. Mais, dans votre catégorie, celle des économistes à plume, qu'on peut considérer comme des amateurs pluridisciplinaires, vous figurez à une place très estimable, très proche de nature et de culture de Joseph Stiglitz et de Samir Amin, par exemple, mais de qualité et d’intérêt inégaux. Il y a en vous un idéalisme de l’intelligence, comme si, grâce à elle, l’humanité pouvait abdiquer ses passions nocives. Cela ne veut pas dire que l’idéologie de Samba Sylla soit une philosophie platonique qui ne donne pas de résultats. Loin de là. Cependant, votre livre comporte quelques erreurs de syntaxe et d’orthographe. Je vous reporte aux pages 102 et 103 pour ne citer que cela. Faudrait-il ici et maintenant rappeler que la bibliographie exhaustive ou sélective est d’une exigence capitale pour beaucoup de lecteurs ? Votre livre est en manque de ce document combien important.
La richesse d’un beau livre, c’est aussi le mélange de diverses langues. Vous trouverez dans cette monumentale œuvre : l’anglais, l’italien, le français, le latin et le grec. Hélas, le livre ne présente pas une table des matières détaillées. Certes, original et originel, ce livre est avant tout celui de Philosophie politique avec beaucoup de recours à l’histoire, à la philosophie de l’histoire, à la phénoménologie, aux sciences politiques, à l’épistémologie, à la métaphysique, à la stylistique française, aux langues, à la religion, à la sociologie, au droit et à l’actualité dans son quotidien. S’il faut continuer la critique dans son sens véridique, je dois avec ou le risque de me redire réaffirmer avec foi en la pérennité de la science que l’ouvrage de Ndongo Samba Sylla est une contribution fondamentale à l’histoire du concept « démocratie », une invitation catégorique à notre conscience intellectuelle et une heuristique spéciale sur l’origine de certaines de nos valeurs. Je souhaite un meilleur succès à l’auteur parce qu’il le mérite et des meilleures ventes d’autant plus que le livre est d’une intelligence qui n’est ni habituelle ni populaire. En sus, « par son œuvre intellectuelle, sa profondeur spirituelle et sa valeur humaine, par son rayonnement africain, il n’est pas connu de tous les milieux politiques africains et il n’hésite pas à polémiquer mondialement ; par son caractère à fleurets non mouchetés, par son attachement profond à des questions sérieuses et à sa tradition scientifique, le Chercheur Ndongo Samba Sylla mérite à bien des titres que l’Assemblée du Goethe Institut de Dakar lui dise merci en applaudissant illico presto ! »
Placide MANDONA, Ecrivain, Chercheur en Philosophie Politique et Juriste.

vendredi 8 avril 2016

Senufo statues, masterpieces of African art

The Senufo live in an area divided today between the republics of the Ivory Coast, Mali and Burkina Faso. They have not always occupied these territories; most of them came from the north two or three centuries ago.
in an article published in the D.B.A.C, Denise Paulme was stating that the Senufo managed to live off poor soil which they cultivate with the simplest implements. Their social structures are equally simple: the villagers lead closed existences and are unconcerned about the world outside; preferably; marriages unite different lineages of the same village. In another form of union, the married woman continues to live with her own people and her husband joins her two or three evenings a week; the children of such unions belong to the mother’s lineage. Besides the village chief, there is a “master of the land” who is a representative of the first inhabitants and primarily a priest serving as an intermediary between the visible and invisible worlds; the earth is a divinity, not an object that can be owned. In the Senufo lands, each village has a sacred wood with a clearing that only the initiated may penetrate and where attributes of the Lo (Organization) are kept. These are masks and sculptures that invade the village when the society holds its festivals, initiations, funerals, rites marking the end of mourning and agrarian festivals. The ancestors preside over all these activities. The masks have several functions. Those representing ancestors barely cover the face. They are naturalistic in style, but do not attempt to be reproductions of human faces and cannot be considered portraits. A heraldic symbol – bird, chameleon or bunch of palm nuts- crowns each mask and indicates the caste or group to which the wearer belongs. The bet known of the great composite masks is a combination of antelope horns, the muzzle of a carnivore and the jaw of a crocodile. The sorcerer hunter puts it on his nocturnal expeditions. Armed with a whip and spiting flames of burning hemp fibres, he leaps about to the sound of horns and spreads terror around him.
The large Senufo statues are among the masterpieces of African art. They are ancestor figures, and the newly initiated, during their night processions, pound them against the ground as they pray to the Great mother of the village, Ka Tyeleo, to grant them her gifts of abundant harvests and numerous children. Their use explains the elongated form of these statues, which are midway between the extended forms of Sudan and the more compact statues of Guinea. Smaller sculptures are used for divination and fertility rites. The styles vary considerably from region to region, and the subjects include mother and child, horsemen, seated and standing couples and hornbills, with their long beaks curved onto their protruding carved in the form of two long rectangles. According to Senufo mythology, the hornbill was one of the first five animals to appear on the earth, along with the chameleon, the tortoise, the snake and the crocodile; it was the first, too, to be killed for food, and it is the hornbill which carries the souls of the dead to the other world. In spite of their weight, the large hornbill statues ( some are more than four feet high) were carried on the heads of the novices at the Lo ceremonies, during which they represented the living forces of the universe.

mardi 5 avril 2016

How stone, terracotta and bronze sculpture flourished in Yoruba land

The Yoruba live in south-western Nigeria and in south-eastern and central Benin. According to many historians, all evidence indicates that they came from Ife, which is the centre of inhabited world in their mythology. It was there, in any case, that the first kingdom in this part of Africa was established, and the other Yoruba kingdoms were modelled after it. According to their oral tradition, their founders were the sons or grandsons of Odudua –all of the Yoruba call themselves “the children of Odudua”- who gave firmness to the earth and built the town of Ife at its centre. When he died, his possessions and domains were divided among his sons. The youngest Oranyan, was cunning enough to keep the throne of Ife, which he entrusted to a regent, for himself. After a long period of adventurous wars, he founded the kingdom of Oyo, which dominated a large area of the country from the seventeenth to the nineteenth century. Besides the king of Ife, there were seven “crowned kings”. The crowns were actually headdresses enlarged by tight networks of pearls which veiled the sacred faces of the rulers. The descendants of these kings retained the privilege of wearing the crowns, although many of them played only minor roles while the uncrowned chiefs carved out powerful states for themselves. In spite of their strong feeling of a common origin, religion and culture, the Yoruba were never unified in a single political organization.
According to Paul Mercier, the Yoruba mythology, with its “201 gods” is one of the richest in West Africa. There is continuity between the divinities, the kings and the ancestors. Odudua reigned at Ife and Shango at Oyo; several of the divinities are ancestors who specialized in a particular task and the control of a section of the universe. Except for the great organizing powers of the world, the same divinity can be either major or secondary, depending upon the place. The outstanding figures in the pantheon are: Shango or thunder, Olokun or the sea, Shokpona or the earth, Oko or agriculture, and Ogun or war and the forge. Around each of these gods or around clusters of them, cult groups are organized which can be joined through initiation, the gods “mount” their devotees during a ritual of possession. Both Eshu –the messenger of the Gods, who is less a spirit of disorder than of accidents, of imagination and, through this, of liberty, the “hidden companion” of all gods and men- and Fa-the fate that is questioned in divination- have a special place in the pantheon.
The Yoruba land was one of the most extraordinary centres of art in all Africa. Stone, terracotta and bronze sculpture, which flourished at Ife before the thirteenth century, are all astonishingly classical in style. Religious, court and popular art existed side by side. Stone sculpture continued for a long time, and is indicated by the hundreds of heads discovered at Esié, which are thought to have been saved from the sack of the ancient town of Oyo. Metalwork by the lost-wax process declined more quickly, and eventually only jewellery and the edan, brass figurines that indicated membership in the Ogboni society, were produced. Sculpture in wood remained vital until modern times. I.G

What is the symbolic of body painting art in some African countries?

If some people consider it as simply decorative, body painting art tends to be mystical, a symbol of paganism.
On feast days, even currently, men and women anoint their arms, legs and entire bodies with palm oil or vegetable butter so that their skins glisten with a special brilliance that is a sort of decoration in it. To the reddish palm oil is often added a paste made from bark, which is also red. In a study carried out many years back, Denise Palm came to the conclusion that inhabitants of Central Africa keep their nkula powder in decorated wooden boxes, or they moisten the paste and melt it into the shape of a lizard or tortoise. “Red is the symbol of life, health and joy. The bodies of young people, girls and boys, are dyed with nkula for the celebration that mark their entry into adult life”, she disclosed. Red powder is also put on the bodies of the sick to hasten their recovery, and it is robbed on the bodies of the dead as a last mark of respect when preparing them for burial. While red, the colour of blood signifies strength and life, white is often the colour of the dead and of ghosts. White represents mourning and affliction among the living, as soon as a death is announced; women not only tear their clothing and ruffle their hair, but roll in mud and stain their faces with white streaks. However, white may also be purely decorative. To make white paint, clay is mixed with water and decanted. Before it gets dried, it is kneaded into a ball as a big a first, and water is added once more. The sticky paste is then traced onto the body with the fingers in regular patterns. At one time, the Basonge of RDC held sacred dances for three nights running, at the beginning of the new moon ; the women would dance and the men would look on, both with white circles around their eyes and white red flames painted all over their bodies.
In Cameroon for instance, when a football match is scheduled to hold in one of the various stadia of the country between the Indomitable Lions and a foreign team, members of the Lions’ fan club paint their bodies in Green-Red-Yellow, symbol of their attachment to the Nation. “We are the Lions! And when a match is organized, we put all the chances by our side by painting our bodies, to prove that we are invincible. It has an effect on our opponent, you wouldn’t imagine, but it works”, Remy Ongtogo, a Yaoundé resident once declared at the end of an encounter. How truthful this has been proved, Remy wasn’t able to tell us. Strange though it may be seem, black dye is also often used. During her research, Denise Paulme also found out that the Mangbetu women in the Congo draw black designs on their bodies with dye made from the juice of the fruit of the gardenia. Their well-proportioned designs depict Maltese crosses, bees, flowers straight and broken lines, ribbons and knots. This is all purely decorative; But much more frequently, color is meant to convey a message. During the period of retreat following their initiation, young Mandja in the Republic of Central Africa rub their bodies with crushed charcoal powder or with the sap of special roots in order to imitate warriors, who daub themselves with soot when they set off on a campaign against a neighbouring village. White for the Mandja is on the contrary, the colour of purification. Initiates, returning to the village, are no longer the same as when they set out; they have crossed a threshold of life, henceforth, they are men. They too, whiten their appearance with clay, drawing lines or points on their bodies and some are even white from head to foot. In addition, painting the face and skull may be a substitute for a mask. Among the Kissi of upper Guinea, who do not carve in wood and have no masks, the young men, emerging for the first time after undergoing the toma initiation, appear in Indian file, heads bent, their nude bodies completely whitened with chalk. However, one of them chosen for his small stature wears a fibre cloak down to his knees, which hides his arms and his face and shaven skull are painted with red and white design.
Nevertheless, many people do believe that body painting is the incarnation of paganism. Omar Miya, student, is more critical when he declares that: “all those signs and symbols have no effects on the lives of African. It is purely pagan and relevant of the past. If body painting had something positive, then Africa would have been a disease and war free continent”.

Un jour, un artiste: Georges-Antoine Rochegrosse, peintre d’histoire

Georges-Antoine Rochegrosse  né le  2 août 1859  à  Versailles  et mort le  11 juillet 1938  à  El Biar  ( Algérie ) est un  peintre ,  déco...